Elle développe la teinture végétale sur lin et cultive son jardin forêt de plantes tinctoriales

La teinture des tissus serait responsable de 20 % de la pollution des eaux dans le monde. 

Il faut dire que les teintures chimiques comportent des composés toxiques : phtalates, formaldéhyde, métaux lourds ou encore colorants controversés en raison de leur dangerosité…

Existe-t-il une alternative plus respectueuse de l’environnement ?

Oui !

La teinture végétale est une solution naturelle qui permet de colorer les tissus en utilisant des plantes adaptées ou des concentrés végétaux.

Cette filière, peu connue, est celle qu’a choisie Adeline Viossat pour sa reconversion professionnelle.

Passionnée du vivant, Adeline est designer et entrepreneuse. 

Elle a créé sa société Demoiselle Absolue dont l’objectif est de développer la teinture végétale sur étoffe de lin français. Elle cultive aussi une forêt jardin de plantes tinctoriales afin de récolter les végétaux et réaliser les colorants naturels dans son atelier de la Drôme.

Comment est né le projet ? En quoi consiste la teinture végétale et quels en sont les avantages ? Elle nous partage son expérience et nous éclaire sur ce procédé oublié.

Se reconvertir dans la teinture végétale et lancer son entreprise

Le projet Demoiselle Absolue est né suite à une remise en question.

Début 2023, Adeline entre en introspection par le biais d’une formation en design de vie.

Elle ressent alors le besoin de créer le monde qu’elle souhaite pour ses enfants. 

Un monde de sens, de connexion à la nature et de ressenti à notre environnement.

Pour y arriver, elle décide de changer de métier.

La teinture végétale allie tout ce qui habite Adeline : le lien aux végétaux, l’alchimie qui s’opère lors des extractions de colorants ou lors des teintures, et enfin la beauté du résultat final. 

Elle suit alors plusieurs formations en teinture végétale, mais aussi en reconnaissance de végétaux dans la nature.

Et elle se fait accompagner en parallèle dans son projet entrepreneurial par le Campus des Créateurs Nomades.

Cultiver ses propres plantes tinctoriales dans une forêt jardin

Pour aller plus loin dans sa démarche, Adeline a décidé de cultiver ses propres plantes tinctoriales, dans une approche permaculturelle. 

Dans son jardin forêt, on trouve ainsi du robinier faux-acacia, du chêne, du frêne, du genévrier et des iris. Sur le terrain de son atelier, elle a également la chance d’avoir des châtaigniers, des peupliers blancs et des chênes.

Mais son terrain de jeu favori reste la campagne du Vercors, où elle trouve pommiers sauvages, merisiers, prunelliers, érables, aulnes ou encore églantiers.

Adeline considère qu’elle n’a pas vraiment à cultiver ses végétaux. Il n’y a aucun intrant dans son jardin forêt. Toutes les plantes tinctoriales herbacées, comme les cosmos, sont plantées au printemps et Adeline laisse la nature choisir ce qu’elle lui donnera !

Les colorants naturels face aux géants de l’industrie

Pour Adeline, la teinture végétale n’a pas pour vocation à concurrencer l’industrie pétrochimique.

Il s’agit plutôt d’initier une recherche alternative, de promouvoir des ressources renouvelables issues de nos campagnes ou de nos forêts, d’apprendre à être humble avec les matières premières et à valoriser le temps nécessaire au processus de la teinture végétale.

De nombreuses plantes tinctoriales ont été testées pour la recherche de teinture de qualité et certaines d’entre elles répondent à une production industrielle. Mais Adeline pense que ce n’est pas encore d’actualité et cela n’irait pas dans le sens recherché par les instigateurs.

À mon sens, nous sommes face à deux mondes qui ne peuvent pas être comparés.

Adeline Viossat

Comment créer une teinture végétale étape par étape ?

Le processus de la création de la teinture végétale passe par différentes étapes :

• la récolte des végétaux sélectionnés pour leurs propriétés tinctoriales ; 
• la décoction de ces végétaux qui va donner l’extraction des colorants ;
• ensuite, le bain de teinture obtenu après avoir filtré la décoction.

Le tissu est ensuite immergé dans le bain et remué sans cesse. L’extraction prend au minimum une heure. Et autant pour la teinture de l’étoffe. 

Au préalable de tout ceci, il faut aussi ajouter la préparation du tissu qui prend également de longues heures.

Un vrai travail artisanal où l’homme et la nature travaillent main dans la main !

Le lin, une matière noble et respectueuse de l’environnement

Adeline propose ses teintures végétales sur des pièces de lin.

Pourquoi ce tissu en particulier ?

Le lin est connu depuis des millénaires et demeure l’un des textiles dont la fabrication est la plus écoresponsable. Sa culture n’exige aucune irrigation supplémentaire. Du champ à la filature, les procédés sont entièrement mécanisés et ne nécessitent que très peu d’eau comparativement au coton.

Pour l’instant, Adeline travaille avec des étoffes de lin en déstockage auprès d’enseignes locales. À terme, elle souhaiterait monter un partenariat avec un fournisseur français qui pourrait lui assurer la qualité et la continuité de sa matière première.

Car la fourniture d’un lin purement français (culture, anoblissement, filature) reste le point délicat pour répondre à son objectif.

Demoiselle Absolue, ce n’est que le début !

Dans ce domaine, Adeline s’aperçoit qu’il y a tout à explorer. 

Elle a trouvé dans cette aventure un travail qui fait sens, en accord avec ses valeurs. Elle croit profondément à son projet et compte bien le développer !

Plusieurs projets sont d’ailleurs en cours de développement.

Adeline collabore ainsi à la conception d’une sandale made in Drôme, en tissu de lin français coloré en teinture végétale dans son atelier. 

Quoi de plus vendeur que des milliers de pieds qui avancent dans le même sens !

Adeline Viossat

Et elle travaille également à l’élaboration de tentures murales avec motifs en pièce unique pour de l’ameublement.

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