La maison en paille est l’un des habitats écologiques les plus plébiscités !
Excellente isolation thermique, régulation naturelle de l’humidité, stockage de carbone, matériau local et renouvelable : la paille coche de nombreuses cases de l’habitat durable.
De plus en plus de personnes soucieuses d’habiter des maisons vraiment écologiques se tournent donc vers cette solution, que ce soit pour isoler par l’extérieur leur bâtiment existant ou pour construire du neuf.
Et désormais, la filière est structurée et vous permet de trouver plus facilement un professionnel qualifié. La formation Pro-Paille définit notamment les règles d’utilisation de ce matériau et a été créée par le Réseau français de construction paille (RFCP). Pratique, non ? Pour savoir vers qui vous tourner.
Dans cet article, nous allons vous expliquer les avantages et inconvénients des maisons en paille pour aller au-delà des idées reçues et vous permettre de faire les bons choix.
Maison en paille : effet de mode ou idée ancienne ?
La paille a eu raison trop tôt
La maison Feuillette, construite en 1920 à Montargis, est la première construction européenne en bois et paille. Elle tient debout depuis plus de 100 ans et la paille présente dans les murs est toujours en excellent état, près de cent ans après sa mise en œuvre.
Construite par l’ingénieur Émile Feuillette dans un contexte d’après-guerre où il fallait reconstruire vite et pas cher, cette maison était révolutionnaire. Son système constructif innovant a même fait l’objet d’un dépôt de demande de brevet en France et aux États-Unis.
Mais ce type de construction s’est rapidement fait remplacer par l’essor du béton et de l’acier, symboles de progrès technologique et industriel.
En France, la filière des constructeurs en paille ne s’est d’ailleurs structurée que très récemment. C’est en 2012 que des règles professionnelles de construction en paille (règles CP 2012) ont été validées par la Commission Prévention Produit (C2P) au sein de l’Agence Qualité Construction. Depuis cette date, la construction en paille selon les règles CP 2012 fait partie des techniques de construction admissibles aux barèmes standards d’assurance.
Les différentes techniques de construction en paille
Aujourd’hui, plusieurs approches d’utilisation de la paille existent :
- La paille porteuse. Les bottes supportent directement la charpente, sans ossature complémentaire. Cela est adapté uniquement pour des petites surfaces.
- Le remplissage isolant. La paille est insérée dans une ossature bois qui porte la structure. Plusieurs options sont possibles ici :
- Remplissage de structures. Les bottes sont insérées entre les éléments porteurs de la charpente, maintenues par compression ou par une ossature secondaire complémentaire.
- Remplissage d’ossatures. Deux approches coexistent. L’insertion « en force » entre montants verticaux avec maintien par liteaux horizontaux, ou le placement libre dans une double ossature (technique du GREB).
- Remplissage de caissons. Les bottes sont rangées dans des modules préfabriqués en atelier. Cela permet notamment de construire les murs à l’abri de la pluie.
- L’isolation par l’extérieur. Il s’agit de l’application de bottes de paille sur l’extérieur d’un bâti existant. C’est l’option choisie par ceux qui font de la rénovation.
Pourquoi la paille s’impose-t-elle comme l’isolant de la transition écologique ?
En construction, le développement de la filière paille apporte des réponses concrètes au contexte actuel :
- C’est un puits naturel de carbone. Alors que les isolants synthétiques émettent des gaz à effet de serre lors de leur fabrication, chaque m² de paroi en paille stocke du CO2.
- Elle est renouvelable et produite localement. La paille, c’est en réalité la tige qui reste après la récolte de certaines céréales (blé, orge, avoine, seigle…). En France, grande productrice européenne de céréales, cette ressource est facilement disponible et nécessite peu de transport pour être amenée sur le chantier.
- Ses performances thermiques sont remarquables. Grâce à sa résistance thermique, la paille dépasse largement les exigences réglementaires et offre une isolation acoustique et thermique de qualité.
- Elle apporte un vrai confort d’été sans climatisation. Avec un déphasage thermique de 12 à 20 heures, la paille maintient naturellement la fraîcheur à l’intérieur de la maison (et la chaleur à l’intérieur l’hiver).
- Elle garantit une excellente qualité d’air. La paille obtient la meilleure note (A+) pour les émissions en polluants volatils. Mieux encore, elle régule naturellement l’hygrométrie.
La paille présente donc de nombreux avantages ! En France, il existe aujourd’hui environ 10 000 bâtiments en paille et c’est un secteur qui se développe. Entre 500 et 1 000 maisons en paille sont en construction chaque année.
La paille est un isolant fréquemment utilisé dans les habitats passifs
Luc Floissac, coordonnateur du groupe de rédaction des règles professionnelles de la construction en paille et auteur de référence chez Terre Vivante, présente la paille comme le « matériau idéal pour construire des bâtiments passifs ou à énergie positive ». Combinée aux principes de construction low-tech et bioclimatique, la paille permet de construire des maisons qui n’ont besoin que de très peu d’énergie pour être agréables à vivre.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, vous pouvez lire notre article Qu’est-ce qu’une maison bioclimatique (et pourquoi sont-elles devenues si populaires) ?
Démêler le vrai du faux concernant la maison en paille
Le feu : un mythe tenace
C’est peut-être la première idée reçue qui fait du tort à la réputation des maisons en paille. Pourtant, la paille compressée en bottes ne brûle pas facilement.
L’explication est simple : les fibres compactées manquent d’oxygène pour s’enflammer. Ainsi, isoler sa maison en paille ne pose pas plus de risque qu’avec un isolant synthétique.
L’humidité : de vraies précautions à prendre
L’humidité n’est pas une idée reçue mais un vrai sujet pour les maisons en paille.
Si la paille s’humidifie, elle va pourrir. C’est donc important :
- de bien protéger la paille pendant le chantier en évitant qu’elle soit exposée à la pluie ;
- de respecter certains principes de construction pour protéger l’isolant de l’eau. On pourra, par exemple, mettre des débords de toit adaptés et un soubassement qui ne permet pas les remontées d’humidité par le sol.
Si votre isolant est bien protégé de l’eau, la paille restera en bon état sans problème pendant des décennies.
Les nuisibles : vous pouvez dormir tranquille
Les rongeurs ne s’attaquent pas à la paille compressée. Les céréales ayant été récoltées, la paille n’est pas intéressante pour les animaux. En prime, elle est trop dense pour leur laisser la possibilité de creuser des galeries.
Le coût : un investissement rentable
Le surcoût des maisons en paille ne vient pas du prix de la matière première (la paille coûte très peu cher) mais de la quantité de main-d’œuvre nécessaire à la construction.
Si vous décidez d’autoconstruire votre maison en paille, cela ne sera donc pas un problème pour vous. C’est aussi pour cette raison que de nombreux constructeurs organisent des chantiers participatifs pour créer ces maisons de manière conviviale, permettre à d’autres de se former et répondre aux forts besoins de main-d’œuvre.
Si vous faites construire votre maison en paille, le surcoût initial s’élèvera à environ 10 % par rapport à une construction conventionnelle. Mais ce calcul ne prend pas en compte les économies d’exploitation : pas de climatisation nécessaire, chauffage minimal, excellente durabilité. Sur 20 ans, l’équation économique devient favorable, sans compter les bénéfices pour votre santé et votre confort.
La RE 2020 : un cadre favorable
La réglementation environnementale 2020 (RE 2020), qui introduit l’analyse de cycle de vie des bâtiments, place la paille en position favorable. Son faible impact carbone et ses qualités isolantes répondent parfaitement aux exigences de performance énergétique et d’empreinte environnementale.
Faire le bon choix : êtes-vous fait pour la paille ?
Le profil type du « pailleur »
Le constructeur ou la constructrice en paille partage généralement certaines valeurs : respect de la biodiversité, goût prononcé pour les matériaux naturels, recherche d’autonomie, intérêt pour les procédés de construction ingénieux et low-tech… Il accepte des contraintes d’épaisseur de murs en échange de performances exceptionnelles et privilégie la qualité de vie à long terme sur les économies à court terme.
Vous vous reconnaissez dans cette description ? Alors voici les questions à vous poser pour avancer dans votre projet.
Les 3 questions essentielles avant de se lancer
1. Ai-je l’espace nécessaire ? Les murs de 45 cm réduisent la surface habitable. Sur un terrain contraint, cette perte peut être problématique.
2. Mon projet est-il compatible avec la réglementation locale ? Certains PLU imposent des matériaux ou des aspects spécifiques. Vérifiez en amont quels bardages ou habillages extérieurs sont autorisés.
3. Comment puis-je m’entourer des bonnes compétences ? La construction paille nécessite des professionnels formés. L’offre existe mais reste moins répandue qu’en construction conventionnelle. Faire un chantier participatif est le meilleur moyen d’entrer dans le réseau des autoconstructeurs de maison en paille et de dégoter ainsi pas mal de bons plans.
L’avenir se construit en bottes
L’avenir de l’habitat se dessine autour de matériaux biosourcés performants, et la paille y occupe une place de choix.
Avec le développement des techniques, cette solution s’adapte à de plus en plus de projets, de la rénovation à la construction neuve. Cela conviendra pour :
- Le rénovateur : L’isolation par l’extérieur en paille transforme les passoires thermiques en cocons performants.
- L’autoconstructeur : Les chantiers participatifs offrent l’opportunité d’apprendre tout en réduisant les coûts.
- Le maître d’ouvrage exigeant : La préfabrication en atelier garantit qualité et délais maîtrisés.
La maison en paille, c’est aussi une invitation à repenser notre rapport à l’habitat, à la consommation, au temps. Elle nous rappelle qu’habiter, ce n’est pas seulement s’abriter, mais créer un équilibre harmonieux entre nos besoins, notre environnement et les générations futures à qui nous laisserons nos maisons.
Pour aller plus loin
Qu’est-ce qu’une maison bioclimatique (et pourquoi sont-elles devenues si populaires ?)
Quelles sont les techniques de construction en terre crue ?
Habitation écologique autonome : législation sur l’assainissement individuel
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