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Quel est le prix d’une tiny house ? Je partage avec vous mon expérience après 21 mois de projet.

Mon compagnon et moi, nous venons de terminer l’autoconstruction de notre tiny house.

C’est un projet qui s’est étalé sur 15 mois de chantier et 6 mois de préparation en amont. 

Avec l’expérience, j’ai pu identifier les principaux facteurs qui influencent le prix d’une tiny house et je vous les présente ici.

Car, si vous vous intéressez aux tiny houses, vous savez que les chiffres varient énormément selon les sources. 

Certains parlent encore de budgets à 20 000 euros, d’autres annoncent des montants qui dépassent les 100 000 euros. Alors, où se situe la réalité ?

Dans cet article, nous nous concentrerons uniquement sur les tiny houses sur remorque – la configuration la plus courante – qui respectent la largeur du gabarit routier français (2,55 m) et pèsent moins de 3,5 tonnes. Cela correspond à des habitats de moins de 20 m² pensés pour être facilement déplacés. 

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Autoconstruire ou faire construire : combien ça coûte ? 

Option 1 : tout faire seul

Construire une tiny seul de A à Z demande de se former à de nombreux sujets : réalisation des plans, isolation, charpente, plomberie, électricité, pose des menuiseries…  

Cette option nécessite beaucoup de temps et génère une charge mentale importante, mais permet d’apprendre et de devenir complètement autonome.

Cette démarche est le reflet d’une philosophie très présente dans le milieu des habitats écologiques.

Option 2 : se faire accompagner en amont du chantier

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C’est le choix que nous avons fait. L’accompagnement en amont nous a permis d’avoir de l’aide pour :

  • réaliser les plans 2D puis 3D (sur SketchUp) et les plans d’exécution pour fabriquer plus facilement nos murs et notre charpente,
  • choisir l’isolant, le bois, notre système de chauffage…,
  • lister les matériaux à commander et calculer les quantités précises,
  • s’assurer que le poids prévisionnel ne dépasse pas 3,5 tonnes,
  • concevoir les plans du réseau électrique et de la plomberie.

Pour cette étape, nous avons été accompagnés par Agathe, une architecte spécialisée dans la construction de tiny house. 

Au-delà du temps que nous avons gagné grâce à cet accompagnement, nous avons aussi pu éviter des erreurs qui auraient pu plomber notre budget. Nous avons par exemple failli choisir un Velux trop grand par rapport à notre toiture (ce qui nous aurait posé des problèmes d’étanchéité) et avons presque oublié de mettre une grille anti-rongeurs sous la remorque (ces colocataires sont un peu trop bruyants à notre goût).

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Puis, pendant notre chantier, nous avons fait appel à : 

  • un couvreur pour poser notre bac acier, car cela a une grande influence sur l’étanchéité de la maison ;
  • un zingueur pour les tubes de cuivre pour relier la plaque à gaz et le coffre technique à la bonbonne de gaz.

Nous avons construit dans l’atelier partagé Tinyland, une association drômoise qui favorise l’autoconstruction de tiny houses. Cet environnement nous a permis d’être en autonomie sur le reste de notre chantier, tout en étant entourés de personnes dans notre situation. Le soutien psychologique et les coups de main stratégiques (par exemple, pour la levée des murs) ont été précieux.

Option 3 : se faire accompagner sur chantier

Il est possible de construire sa tiny house avec l’aide d’un professionnel présent sur le chantier.

Cette formule permet d’aller beaucoup plus vite, car la personne qui vous accompagne maîtrise parfaitement l’enchaînement des étapes. 

De cette manière, on allie rapidité et apprentissage. Un professionnel guide chaque étape, évitant les erreurs de débutant, tout en transmettant son savoir-faire.

Cela procure aussi un cadre plus sécurisant pour ceux qui débutent en bricolage ou qui se lancent seuls dans leur projet.

Option 4 : ne faire soi-même que l’aménagement intérieur

Cette approche consiste à faire construire une tiny house dite « hors d’eau / hors d’air » (structure étanche avec toiture et fenêtres posées), puis à terminer l’aménagement soi-même. 

Cela présente un avantage important puisqu’on peut finir l’aménagement dans un jardin sans avoir besoin d’un hangar couvert pour protéger la construction de la pluie.

Attention cependant : l’étape d’aménagement est loin d’être la plus simple. Tout est sur mesure dans une tiny house. Il s’agit d’un travail de fabrication de meubles, de création de cloisons, de pose d’évier, d’installation du système de chauffage… qui prend du temps et demande de maîtriser ses outils avec précision.

Je suis personnellement contente d’avoir pu me faire la main avec le gros œuvre (construction des murs notamment) pour être beaucoup plus à l’aise en bricolage au moment de l’aménagement intérieur et des finitions. 

Option 5 : fabrication clé en main

Si le bricolage et la construction ne vous intéressent pas, vous pourrez vous tourner vers l’achat d’une tiny house clé en main. Vous récupérez votre maison à la fin du chantier et vous n’avez plus qu’à y poser vos affaires.

Malheureusement pour certains, ce choix, fait à l’origine pour se simplifier la vie, s’est vite transformé en un calvaire. 

Fuites, ponts thermiques, finitions bâclées…, j’ai entendu beaucoup de témoignages inquiétants au sujet de tiny houses achetées clé en main. Prenez bien le temps de choisir la personne qui va construire votre maison et, idéalement, parlez avec des personnes qui ont aussi pu en être clientes.

Le marché des tiny houses clé en main n’est pas encadré, et de nombreux constructeurs peu scrupuleux se sont positionnés sur ce créneau porteur. Certains ne sont pas du tout compétents pour gérer les contraintes spécifiques à la tiny house que sont notamment : 

  • la gestion de l’humidité engendrée par les douches et la cuisson dans un si petit habitat ;
  • l’utilisation de matériaux légers pour optimiser le volume habitable et le confort thermique ; 
  • la modularité du logement et l’utilisation de chaque espace pour du rangement. 

Synthèse : prix d’une tiny house selon l’option choisie

Le prix des tiny houses restent évidemment adaptés aux petits budgets, mais il faut plutôt compter entre 30 000 et 50 000 euros en autoconstruction, et entre 80 000 et 100 000 euros pour une tiny clé en main.

OptionPrix
Accompagnement sur la conception, commandes matériaux, poids et plans SketchUp+/- 4 000 €
Accompagnement sur chantier Très variable selon votre implication et votre niveau
Faire construire un hors d’eau hors d’airà partir de 40 000 €
Fabrication clé en mainà partir de 70 000 €

Quel budget représentent les matériaux dans le prix d’une tiny house ?

En autoconstruction, les matériaux représentent généralement 80 % du prix d’une tiny house. Le reste sera : le loyer de l’atelier où construire, l’achat d’outils, des formations ou accompagnements ponctuels… 

Le budget alloué aux matériaux est difficilement compressible, surtout si l’on souhaite utiliser des matériaux écologiques et durables.

Il est important de comprendre que les contraintes de taille et de poids des tiny houses génèrent des frais supplémentaires spécifiques. On peut par exemple citer le cas des portes et des fenêtres, souvent faites sur mesure pour répondre aux besoins de l’aménagement intérieur et donc 2 fois plus chères que des menuiseries standard. 

Voici les fourchettes de prix que vous pourrez retrouver sur les documents open source disponibles sur le site La Cabane Mini-Habitat :

  • +/- 5 000 € pour la remorque,
  • +/- 6 000 € pour le bois,
  • +/- 2 000 € pour l’isolation et l’étanchéité,
  • +/- 1 000 € pour la quincaillerie,
  • +/- 1 000 € pour la couverture,
  • +/- 2 000 à 5 000  € pour les menuiseries (fenêtres et portes),
  • +/- 1000 € pour le chauffage et la ventilation
  • +/- 2000 € pour l’électricité et la plomberie,
  • +/- 2000 à 5 000  € pour l’aménagement intérieur

Ces fourchettes varient énormément selon la qualité des matériaux choisis et la part de récupération intégrée au projet.

Les frais annexes souvent oubliés

Au-delà de la construction elle-même, plusieurs postes de dépenses sont à prévoir dans le prix d’une tiny house :

Transport et permis

  • Formation et passage du permis remorque (BE) : 600 à 800 €.
  • Transport de la tiny vers son lieu d’installation : 500 à 2 000 € selon la distance.

Installation sur le terrain

  • Raccordement eau/électricité ou installation d’un système autonome (panneaux solaires, récupération d’eau de pluie) : 2 000 à 5 000 €.
  • Assainissement (phytoépuration ou raccordement à de l’assainissement collectif) : 500 à 3 000 €.
  • Terrassement et préparation du terrain : 500 à 2 000 €.

Frais administratifs et assurances

  • Assurance habitation spécifique tiny house : 200 à 500 € par an.
  • Assurance remorque : 150 à 300 € par an.

Entretien et maintenance

Comme tout habitat, une tiny house nécessite un entretien régulier. Le budget d’entretien dépend de la région, des matériaux utilisés et de la fréquence des déplacements.

En bord de mer par exemple, les tiny houses sont beaucoup plus vite abîmées par les embruns. Il faudra graisser la remorque et traiter le bardage chaque année pour éviter qu’ils soient rongés par l’iode. 

Conseils pour optimiser votre budget

Misez sur l’intelligence collective

Comme l’explique Geoffrey Celard, architecte d’intérieur spécialisé dans les tiny houses et qui partage de nombreuses ressources en open source sur son site La Cabane Mini-Habitat : « Construire ma Tiny a été un parcours semé d’embûches qui m’ont beaucoup coûté. C’est pourquoi j’ai décidé de partager des ressources essentielles pour aider ceux qui veulent construire leur tiny house. »

Rejoindre des communautés comme Tinyland ou participer à des chantiers participatifs permet d’apprendre tout en réduisant les coûts.

Intégrez la récupération dès la conception

La récupération de matériaux vous permettra de faire de belles économies, mais elle doit être planifiée dès la phase de conception pour adapter les plans aux matériaux disponibles.

Il faudra par exemple récupérer vos portes et fenêtres avant de faire vos plans d’ossature.

Par ailleurs, privilégier les matériaux de seconde main prend souvent plus de temps. Il peut aussi s’agir de lots de petites tailles ou mal calibrés qu’il faudra compléter ou adapter.

Pour récupérer des matériaux, on pense évidemment aux sites comme Leboncoin, mais il existe également partout en France des associations spécialisées dans le réemploi, qui récupèrent des matériaux sur les chantiers (par exemple, au moment où un bâtiment est détruit). Abonnez-vous aux newsletters de ces associations proches de chez vous pour ne pas rater les arrivages qui pourraient vous intéresser.

En ce qui nous concerne, nous avons acheté la majeure partie de notre bois dans une scierie et nous avons fait faire nos menuiseries sur mesure. C’est plutôt pour l’aménagement intérieur que nous avons opté pour l’achat de seconde main (électroménager, vasque, miroir, canapé…). 

Priorisez les postes stratégiques

Il y a 2 postes essentiels à ne pas négliger: 

  • l’étanchéité et la ventilation, pour limiter les problèmes d’humidité qui pourraient créer des moisissures et abîmer prématurément votre maison ;
  • l’isolation, qui vous fera économiser à long terme sur les coûts de chauffage.

Vers un habitat plus sobre et solidaire

Une tiny house, ce n’est pas qu’une maison en plus petit, c’est aussi une invitation à repenser sa relation à l’habitat.

C’est d’ailleurs la thèse du livre Habiter des espaces plus petits – Des solutions pour gagner en autonomie écrit par Clément Chabot et Sandra Martins.

Au-delà de la question du budget, habiter des espaces plus petits vient souvent d’une réflexion plus profonde sur nos besoins en matière d’habitat.

Cela s’inscrit dans une démarche de simplicité volontaire, un concept qui dépasse largement la simple question économique pour s’interroger sur notre rapport à la consommation et à l’espace.