Entrepreneuriat nomade, compositeur freelance
© Julie Capela

Entrepreneuriat nomade : comment vivre de la musique en van ?

Composer des musiques pour Disney depuis un van aménagé ? Quentin l’a fait. Sans jamais que ses clients ne s’en rendent compte.

À 33 ans, ce compositeur freelance incarne parfaitement l’entrepreneuriat nomade. Il a troqué son studio parisien contre un fourgon gris équipé de panneaux solaires. Quatre ans plus tard, il vit toujours sur les routes. Et surtout, il en vit bien.

Prêt à découvrir son histoire ?

Quand Paris devient trop petit pour les rêves de liberté

Quentin vient d’une famille de musiciens. La musique, il a ça dans le sang depuis tout petit. Batterie dès l’enfance, piano en autodidacte, guitares par passion. Difficile d’imaginer faire autre chose.

Il commence par un BTS audiovisuel, option ingénierie du son. Technique, mais pas assez créatif à son goût. Alors, il pousse jusqu’au master en musique de film dans le sud de la France. Trois ans de plus pour transformer la passion en expertise.

Son stage de fin d’études ? Un gros studio parisien spécialisé dans la musique de film. Six mois qui changent tout. Il bosse directement sur “Les Pyjamasques”, une série Disney. D’abord stagiaire sur le début de la saison 1, puis arrangeur compositeur sur l’ensemble des six saisons.

En parallèle, il enchaîne les projets. Films, séries, documentaires, publicités. Il se spécialise même dans les identités sonores pour les marques. Vous savez, cette petite mélodie qui fait que vous reconnaissez une entreprise sans voir son logo.

Très vite, on lui demande de créer sa structure. Dans l’audiovisuel, c’est souvent comme ça : vous facturez vos prestations en freelance. Quentin s’installe donc à son compte, tout en continuant de bosser avec le studio. Et petit à petit, il se constitue sa propre clientèle.

Certains de ces clients parisiens travaillent encore avec lui aujourd’hui. Sans savoir qu’il compose désormais depuis un parking en bord de mer.

Le Covid, ce drôle de révélateur

Choisir son van aménager
© Julie Capela

Après six ans à Paris, Quentin tourne en rond. Le boulot marche bien, les projets s’enchaînent. Mais quelque chose coince. Un besoin de bouger qui devient de plus en plus pressant.

Et puis, mars 2020 arrive. Confinement. Quentin récupère son matos et travaille depuis son appart. Les musiques partent par internet. Les retours clients tombent par mail.

Et… ça marche. Parfaitement, même.

C’est le déclic. Si son métier fonctionne aussi bien à distance, pourquoi rester coincé dans un appartement parisien ? L’idée du van, qui lui trottait déjà dans la tête, devient soudain très concrète.

Mais pas question d’arrêter de bosser pour autant. Quentin veut garder ses clients, maintenir cette continuité. Juste changer de bureau. Et accessoirement, que ce bureau ait des roues.

C’est comme ça que débute son aventure d’entrepreneuriat nomade. Pas de rupture brutale avec son métier, juste une nouvelle façon de l’exercer.

Fin 2020, il saute le pas. Un Peugeot Boxer L4H3 de 2017, gris et pas blanc (détail important), pour 10 000 euros. Le plus grand format qu’on peut conduire avec un permis B : 6m36 de long, 4 mètres aménageables.

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Dans la foulée, il lâche son appart. Ses parents, en Lorraine, lui proposent de revenir le temps des travaux. Son grand-père était menuisier, donc ça lui donne accès à un atelier complet pour aménager son van.

Tout est en place pour se lancer dans l’aménagement. Un seul petit problème : Quentin n’a jamais bricolé de sa vie.

Aménager son van quand on n’a jamais tenu un marteau

Quand Quentin annonce son projet, ses proches rigolent. Lui ? Bricoler ? Il n’a jamais vissé une étagère de sa vie.

Mais bon, quand on veut, on peut. Alors il se lance. YouTube devient son meilleur ami. Les groupes Facebook aussi. Il apprend sur le tas, refait certaines choses, ajuste, recommence.

Son plan est simple : le bureau au centre, le reste autour. Il lui faut assez de place pour son clavier, son écran iMac, son piano numérique. De quoi travailler dans de bonnes conditions.

Résultat ? Il case quand même plusieurs guitares, un ukulélé, un violon, ses micros. Tout a sa place. Sous le lit, dans la penderie, dans les placards.

L’astuce pour garder la motivation pendant un an de travaux ? Partir en weekend avec le van inachevé. Se rappeler pourquoi on fait tout ça. Et tester en conditions réelles.

Le budget total ? Entre 15 000 et 20 000 euros d’aménagement. Avec le véhicule, ça fait environ 30 000 euros. Pas donné, mais plus de loyer depuis quatre ans. Ça compense, non ?

plan van aménagé
© Quentin Fouquet

Un studio qui roule : les défis techniques

Composer pour Disney depuis un parking, ça demande du matériel solide. Pas question que l’ordi plante en plein milieu d’une session.

Côté électricité, Quentin ne lésine pas. Deux panneaux solaires de 400W sur le toit, une batterie lithium de 200Ah, du matériel Victron pour la stabilité.

Pour bien comprendre comment dimensionner son installation électrique en van, découvrez notre guide complet sur l’électricité en van aménagé.

Aujourd’hui, il envisage même de passer à 400Ah. Les prix des batteries ont baissé ces dernières années, et l’autonomie reste une priorité.

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Pour le chauffage et la cuisson, il a choisi le GPL. Une grosse bouteille qui tient trois mois (un mois en hiver) pour 30 euros. Rien à voir avec la facture d’énergie d’un appartement parisien.

Côté internet, Quentin a besoin d’une connexion internet stable et performante pour envoyer des films entiers, des gros fichiers audios, faire des visios. Au début, il avait un simple routeur avec une carte SIM. Ça fonctionnait, mais pas toujours de manière optimale.

Maintenant, il a upgradé : routeur avec deux cartes SIM (deux opérateurs différents) et une antenne externe sur le toit. Le routeur switch automatiquement sur le meilleur réseau. Coût : 60 euros par mois (2×30€).

Et la Starlink ? Il y a pensé. Mais entre l’abonnement qui grimpe, la conso électrique, et financer Elon Musk… bof. Son système actuel est fixe, ne consomme rien et fonctionne tout le temps.

Pour en savoir plus sur toutes les solutions pour avoir internet en van, consultez notre comparatif.

Entrepreneuriat nomade : organiser son activité sur la route

faire de la musique sur la route : entrepreneuriat nomade
© Quentin Fouquet

Une journée type ? Ça n’existe pas vraiment dans la création audiovisuelle. Il y a des périodes ultra-chargées où plusieurs projets se chevauchent. D’autres plus calmes, sans nouvelles commandes.

La méthode de Quentin ? Traiter les demandes vite. Très vite. Un client envoie quelque chose le soir ? Il s’y met directement ou dès le lendemain matin. Ça montre son sérieux, ça permet d’avoir des retours rapides… et ça libère du temps derrière pour profiter.

Globalement, il essaie de concentrer le boulot en début de semaine. Après, l’esprit est libre. Plus de charge mentale du “j’ai encore ça à faire”. Mais parfois, un projet débarque en plein milieu et tout se bouscule.

Côté clients, Quentin a gardé son socle parisien. Les Pyjamasques, par exemple, lui ont assuré un revenu stable pendant toutes ses années de vanlife. Et avec les droits d’auteur SACEM, ça continue : chaque diffusion rapporte de l’argent. Même la saison 1 d’il y a dix ans génère encore des revenus.

Pour trouver de nouveaux clients, il répond à des appels d’offres en ligne. Marques, pubs, identités sonores. C’est peut-être moins créatif que le cinéma, mais le ratio temps/rémunération est excellent. Musiques courtes, bien payées. Parfait pour le nomadisme.

Régulièrement, il prend le train pour Paris. Pas pour travailler en studio, mais pour entretenir le lien humain.

L’équilibre travail-voyage, ça ne s’improvise pas. Au début, chaque période creuse le faisait paniquer. Syndrome de l’imposteur, remise en question permanente… Le grand classique des métiers artistiques.

Mais avec le temps, il a compris que c’était normal. Sur l’année, ça finit toujours par se lisser. Alors maintenant, il se met moins la pression. Il refuse des projets sans culpabiliser. Et surtout, il priorise les moments avec ses amis sur la route. Parce que ces instants-là, on ne les rattrape jamais.

Le vrai budget d’une vie nomade

intérieur van aménagé
© Quentin Fouquet

Combien faut-il gagner pour vivre confortablement en van ? Question piège. Ça dépend de tellement de choses. Style de voyage, fréquence des déplacements, activités payantes ou gratuites.

Les postes de dépenses de Quentin :

  • L’essence (le plus gros, surtout quand il bougeait tous les 1-2 jours)
  • La nourriture
  • Les abonnements (téléphone, streaming, logiciels)
  • L’entretien du van (variable, mais inévitable)

Anecdote rigolote : il a une fois tardé à changer ses plaquettes de frein. Résultat ? Disque cassé, frais énormes. Leçon retenue.

Les économies réalisées :

  • Plus de loyer depuis quatre ans
  • Électricité quasi-gratuite (panneaux solaires)
  • Chauffage GPL ridicule (30€ tous les 3 mois)
  • Moins de tentations qu’en ville

Pour Quentin, en dessous de 1 000-1 500 euros par mois, il faudrait commencer à faire attention. Mais l’entrepreneuriat nomade permet justement d’adapter ses revenus à ses besoins. Pas de loyer à payer, moins de charges fixes, plus de flexibilité.

Vous voulez anticiper tous les postes de dépenses ? Découvrez notre analyse détaillée du budget réel de la vie en van.

Quatre ans sur les routes de France (et d’ailleurs)

Il a passé sa première année en France. Pour se lancer en douceur, découvrir son pays, rester à proximité des proches pour les mariages et autres événements. Et puis, c’était rassurant.

La Bretagne l’a marqué (super spots, bonne tolérance aux vans), l’Auvergne aussi (randos à gogo), les Landes (magnifique mais compliqué pour se garer). En tout cas, il se débrouille toujours pour trouver un spot, même avec un gros camion.

Son astuce ? Un vélo pliant. Quand il ne peut pas se poser en bord de mer, il se gare un kilomètre plus loin et pédale.

La vanlife est-elle “morte” en France ? Pour lui, c’est exagéré. Oui, il y a des interdictions. Mais pour avoir voyagé en Suisse, la France reste largement gérable. Il suffit souvent d’aller quelques kilomètres plus loin. Et de voyager hors saison.

Le boom post-Covid a créé un effet de mode, c’est sûr. Mais globalement, il a vécu des moments incroyables en France. Spots déserts, vue mer, montagnes… Il y a encore de quoi faire.

Vivre 4 ans sur les routes
© Julie Capela

Ce que quatre ans sur la route lui ont appris

Vivre en van, c’est avoir du temps. Beaucoup de temps. Pour réfléchir, pour être dans ses pensées, pour découvrir qui on est vraiment sans le filtre du rush urbain.

Quentin a appris à mieux se connaître. À respecter son propre rythme, pas celui qu’on lui imposait. Est-il du matin ou du soir ? Qu’est-ce qui le fait vraiment vibrer ?

Les rencontres aussi ont changé sa vie. La communauté nomade, c’est un état d’esprit. Des gens ouverts, avec qui les liens vont vite. Très vite. En une semaine, on a l’impression d’avoir vécu un mois.

Cette intensité, il adore. Tout va plus vite, tout est plus fort. Le temps semble se rallonger.

Mais attention, il ne faut pas idéaliser ce mode de vie. Il y a aussi des galères. La gestion de l’eau, des toilettes, trouver des spots. La charge mentale de tout gérer soi-même. Des moments de blues aussi.

Sauf que le ratio reste largement positif. Les avantages écrasent les inconvénients.

Pour ceux qui hésitent encore

Le conseil de Quentin ? Foncez.

Si l’envie est là, profondément, il faut l’écouter. Ne pas attendre la validation des autres. Mettre les doutes de côté et se donner un coup de pied aux fesses.

Au pire, ça ne marchera pas et ce sera une expérience. Au mieux, c’est une nouvelle vie qui commence.

Pour les métiers artistiques, le chemin est souvent compliqué. Quentin a galéré au début à Paris. Nuits blanches, boulot acharné, syndrome de l’imposteur. Mais quand on est passionné, qu’on croit en son projet, on s’accroche. Et ça finit par payer.

L’important ? Au moins essayer. Ne pas se poser la question du “et si…” pendant des années.

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Et après le nomadisme
© Julie Capela

Et après ?

Après quatre ans sur les routes, Quentin commence à réfléchir à l’étape suivante. Pas pour arrêter, mais pour évoluer.

Il pense à un pied-à-terre. Une tiny house peut-être, ou un habitat alternatif qu’il construirait lui-même. Pas la grande maison avec piscine (ça ne l’a jamais fait rêver). Juste un endroit où se poser quand il en a besoin.

L’idée ? Garder le van, prêt à partir avec toutes ses affaires dedans. Et avoir un vrai studio de musique, avec de la place pour ses instruments, pour sa créativité.

Le meilleur des deux mondes. Alterner entre stabilité et mouvement. Avoir la liberté de choisir.

Parce qu’au fond, c’est ça qui compte : préserver cette liberté chèrement acquise. Continuer à vivre de sa passion. Continuer à voyager. Continuer à rencontrer des gens inspirants.

Et peut-être, un jour, transmettre à son tour cette expérience.

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Quentin Fouquet est compositeur de musiques pour l’image et vit en van depuis quatre ans. Il compose pour des séries d’animation, des films, des publicités et des identités sonores de marques. Vous pouvez le retrouver :

Sur Instagram

Sur son site internet

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