Tristan en plein travail sur le terrain de Keryvette

Transformer une vieille bâtisse en habitat écologique intergénérationnel 

Transformer une maison ancienne et son terrain pour en faire un habitat écologique intergénérationnel : voilà le défi que se sont lancé Amandine et Tristan.

Ils sont tombés complètement en amour avec celle qu’ils surnomment Keryvette, une « vieille dame » du XVIIIe siècle dans le Châtelleraudais. 

Leur projet : transformer cette bâtisse et ses dépendances en éco-hameau. 

Ils aspirent ainsi à créer un lieu correspondant à leurs valeurs environnementales et sociales.

Mais la rénovation n’est pas de tout repos !

Transformer une maison du XVIIIe siècle en écovillage 

Tristan et Amandine ont un projet ambitieux : retaper une maison du 18ème et ses dépendances laissées à l’abandon depuis 50 ans à Châtellerault. 

Leur objectif n’est pas seulement d’y habiter, mais de transformer les lieux pour créer un écovillage intergénérationnel, un lieu de vie solidaire et au bilan énergétique positif.

Les travaux à réaliser sont colossaux. 

Heureusement, ils sont ponctuellement aidés dans cette entreprise par des amis, des collègues et par la mère d’Amandine. 

Amandine et Tristan ont pour projet de transformer une vieille maison en habitat écologique intergénérationnel
© Amandine Le Segretain

À la fin des travaux, la maison principale accueillera Amandine, Tristan, leurs animaux et leurs futurs enfants. Elle sera aussi un lieu d’accueil pour leur très grande famille (les cousinades montent rapidement à 100 personnes !).

L’éco-lieu sera complété par une autre bâtisse, occupée par le père d’Amandine après rénovation. Cette petite maison, avec son four à pain, sera rénovée dans la même éthique environnementale. Elle conservera son aspect depuis la rue, mais une extension bois et une terrasse végétalisée seront ajoutées côté jardin.

Et, à l’avenir, ils espèrent pouvoir accueillir d’autres habitants sur leur terrain, dans des habitations légères de type tiny houses.

Pourquoi vouloir créer un habitat écologique intergénérationnel ?

Qu’est-ce qui motive Amandine et Tristan dans ce projet d’écolieu ?

Amandine le résume en un mot : la résilience !

La vraie résilience, c’est-à-dire celle qui repose non seulement sur la low-tech et l’autonomie, mais aussi et surtout sur un maillage humain dense et solidaire.

Amandine

Le Covid a été un déclic pour le couple, marqué par la difficulté de recréer du vrai lien autour d’eux.

Créer un tissu social solidaire est donc l’un objectif central du projet. 

Vivre ensemble et apprendre les uns des autres

Pour leur futur lieu de vie solidaire, Amandine fourmille d’idées !

Elle aimerait beaucoup créer un café bibliothèque associatif, pour accueillir des événements autour de l’écologie, de l’autonomie, de la low tech…

Et, pourquoi pas, un espace où chacun pourrait apporter ses talents aux autres.

Par exemple, elle pourrait apprendre la couture, sa mère le tricot (avec la laine de leurs moutons !), son mari la pâtisserie, son père la photo…

Et leurs futurs voisins pourront partager eux aussi leur savoir-faire !

Végétation sur le terrain du projet
© Amandine Le Segretain

Trouver la maison idéale pour accueillir le projet

La première étape, la plus compliquée, a été la vente de leur maison à Toulouse.

Ensuite, il a fallu trouver l’endroit idéal :

  • pas trop isolé, car Amandine et Tristan avaient à cœur de s’inscrire dans un réseau humain ;
  • avec du terrain pour avoir des poules, des moutons et de l’espace pour leurs animaux ;
  • assez proche de tout pour pouvoir circuler en tout temps à vélo ;
  • et surtout à un prix abordable, pour que Tristan puisse se consacrer à 100 % au projet.

Ils ont été charmés par Châtellerault, l’accueil et la gentillesse de ses habitants.

Et ils sont tombés amoureux d’une bâtisse et ses dépendances, laissées à l’abandon depuis des décennies. Tout s’est fait alors assez vite et naturellement.

Leur belle maison châtelleraudaise a été baptisée Keryvette, en l’honneur de son ancienne propriétaire.

Keryvette, une maison ancienne bientôt transformée en habitat écologique intergénérationnel
© Amandine Le Segretain

La rénovation d’une vieille bâtisse et ses nombreux défis

Ceux qui connaissent la rénovation savent que les travaux peuvent révéler de bonnes comme de mauvaises surprises !

La maison a été squattée et sert de dépotoir depuis 50 ans.

Il a donc fallu évacuer des tonnes de déchets : entre 200 et 300 sacs de 100 litres, principalement du papier et du textile en très mauvais état. Ce dernier a d’ailleurs posé problème, puisqu’il n’y a pas de filière de traitement à Châtellerault…

La végétation a aussi repris le dessus depuis longtemps.

Le défi est d’aménager des accès et de l’espace pour les travaux sans trop abîmer les sols et la biodiversité incroyable qui s’est installée. Certains arbres sont centenaires !

Pour finir, l’une des bâtisses est classée, ce qui entraîne de nombreuses contraintes pour la rénovation. La mairie bloque tout ce qui pourrait modifier l’aspect extérieur des bâtiments.

Rénover une maison ancienne présente de nombreux défis
© Amandine Le Segretain

Comment transformer une maison ancienne en habitat écologique ?

Rénover une vieille maison pour la rendre la plus écologique possible est plus complexe que partir de zéro avec une construction neuve.

Le plus gros problème de Keryvette est qu’elle n’est pas très bien située ni orientée pour le solaire passif : une seule fenêtre au sud, beaucoup de masques…

Voici les points principaux sur lesquels Tristan et Amandine travaillent.

Changement des huisseries pour du double vitrage

Pour les menuiseries, ils optent pour le bois plutôt que le PVC.

Pourquoi ?

Parce que le PVC n’est pas durable, pas réparable, pas recyclable et pollue l’air intérieur. De plus, il pose problème sur une maison en tuffeau. En effet, il s’agit d’une pierre vivante, qui se dilate, et le PVC est un matériau qui ne bouge pas, ou très peu.

Isolation des rampants de la toiture en laine de bois

L’ancienne isolation de la maison était très écologique et typique de la région.

C’est ce qu’ils appellent le bousillis : des lattes de bois entourées d’argile/chaux/paille.

Malheureusement, la toiture a pris l’eau pendant des années et tout a pourri. La charpente et la couverture seront donc refaites, et il y aura une isolation en laine de bois par l’extérieur et l’intérieur.

Isolation des murs en laine de bois

Là, c’est plus compliqué, car Tristan et Amandine peinent à trouver un artisan RGE qui veuille bien leur répondre…

Système de chauffage et eau chaude sanitaire au bois (bûches)

Leur terrain boisé devrait leur permettre d’être autosuffisants quelques années. En été, ils prévoient une petite pompe à chaleur pour chauffer l’eau. Les nouveaux modèles ne contiennent plus ces gaz très toxiques qu’avaient les anciens.

L’installation de panneaux solaires sur un appentis orienté sud

Il n’est pas possible d’en poser sur la maison, classée au patrimoine de la ville et mal exposée. Ces panneaux solaires seraient connectés à des batteries pour secourir en premier lieu la chaudière, puis le réfrigérateur et une ou deux lumières au rez-de-chaussée.

Tristan en plein travail sur le terrain de Keryvette
© Amandine Le Segretain

Un projet de vie déjà rempli d’apprentissages

Ce projet est déjà riche d’enseignements pour Amandine et Tristan.

Ils en apprennent toujours plus sur l’habitat écologique, les techniques de rénovation, l’intelligence collective, la communication non violente, le bâti éco-conçu, les low tech et la résilience…

Mais surtout, créer un habitat écologique intergénérationnel leur apprend la patience.

Enceinte, Amandine gère actuellement toute la partie administrative du projet : demandes préalables pour les menuiseries et la toiture, échanges interminables pour le raccordement électrique, pour la sécurisation des lignes en façade avec Enedis, pour le raccordement obligatoire en eau potable et aux eaux usées…

Ce projet sera un marathon, et je suis plutôt du style sprinteuse. Cela m’apprend donc à accepter que les choses prennent du temps, que les acteurs sollicités n’avancent pas toujours à mon rythme, et qu’il faut continuer à accorder les impératifs de la vie quotidienne à l’envie de tout donner sur les travaux.

Amandine

Où peut-on suivre le projet ?

Tu peux suivre l’avancée du projet et les nombreux défis relevés sur leur compte Instagram

@Kerbecognee

daru

Pour aller plus loin :