piscine naturelle

Les 5 étapes pour construire une piscine naturelle

Fini le chlore, les algicides et les factures salées ! Et si votre jardin pouvait abriter une piscine naturelle qui serait aussi agréable pour vous que pour les libellules ?

Le principe des piscines naturelles (qu’on peut aussi appeler « bassins de baignade biologiques ») est de créer un écosystème aquatique en miniature où plantes épuratrices, bactéries bénéfiques et micro-organismes s’allient pour maintenir une eau limpide et éviter la prolifération d’algues. C’est ce qu’on appelle le principe du lagunage.

Cette approche biomimétique séduit de plus en plus de personnes soucieuses de leur santé et de l’environnement. 

D’autant que les coûts d’entretien se révèlent trois fois inférieurs à long terme, et que l’installation vieillit en beauté – contrairement aux liners de piscine qui se dégradent avec le temps.

Cet article présente les cinq étapes incontournables et les questions à se poser avant de se lancer. Car construire une piscine naturelle ne s’improvise pas, et bien que celle-ci présente de nombreux avantages, sa phase de conception est bien plus complexe que celle d’une piscine classique.

Étape 1 : concevoir votre bassin selon vos contraintes climatiques

Pour dimensionner et choisir l’emplacement de votre piscine naturelle, vous devrez partir des contraintes de la région dans laquelle vous habitez et notamment : 

  1. Quelle est votre capacité de récupération d’eau de pluie que vous avez pour remplir votre bassin ? Cela dépendra, d’une part, de la taille de votre toiture et, d’autre part, de la pluviométrie dans votre région. 
  2. Quel est le climat sur votre terrain ? L’ensoleillement, les vents et les températures sont les points de départ du bon équilibre pour que l’eau de votre piscine soit agréable à utiliser, sans être trop chaude. En effet, une eau trop chaude augmente le risque de prolifération d’algues et l’évaporation. 

Prenons deux exemples opposés qui illustrent cette adaptation climatique 

Une piscine naturelle en Bretagne

En Bretagne, la construction de systèmes qui maintiennent au maximum la chaleur sera la bienvenue. Par exemple, un « piège à soleil », c’est-à-dire un mur en pierre sèche en arc de cercle qui accumule la chaleur le jour et la restitue la nuit. Placez  une grande partie de la piscine de manière à profiter des rayons du soleil. 

Identifiez également les vents dominants présents sur le terrain et créez des écrans (haies, murets, dénivelés), car le vent donnera immédiatement une sensation soudaine de froid aux baigneurs qui sortiront de l’eau. 

Côté récupération d’eau de pluie, la Bretagne offre un avantage considérable avec des précipitations annuelles élevées. Cette abondance hydrique permet de remplir entièrement son bassin avec de l’eau de pluie. 

Une piscine naturelle dans la Drôme

À l’inverse, dans la Drôme, où les habitants vivent des canicules chaque été, prévoyez un espace au soleil, mais aussi de l’ombre pour limiter l’évaporation et garder une température de bassin agréable. La pluviométrie y est faible, surtout l’été, période où l’eau s’évapore le plus. Pour faire de l’ombre sur le bassin, placez-le évidemment à proximité d’arbres, mais vous pouvez également ajouter des solutions amovibles telles qu’une pergola ou des voiles d’ombrage. La profondeur du bassin stabilisera sa température.

Dans cette région, la récupération d’eau de pluie devient un défi stratégique.  Par conséquent, maximisez toutes les surfaces de captage – toitures principales, annexes, abris de jardin – et envisagez même des bâches de récupération temporaires lors d’importants épisodes pluvieux. L’enjeu principal sera le stockage : prévoyez des cuves tampons pour lisser les apports saisonniers. Cette contrainte hydrique influence même la conception du bassin,  privilégiez un rapport surface/volume qui réduira l’évaporation.

Étape 2 : réaliser le terrassement

Le terrassement est une étape qui prend du temps mais qui est très importante ! C’est le moment où on transforme un terrain plat en un bassin à différents niveaux.

Cette étape détermine tant l’esthétique finale que le bon fonctionnement de votre piscine écologique. En effet, chaque courbe, chaque dénivelé influence la circulation de l’eau. Il ne s’agit pas simplement de creuser un trou.

Aspects techniques à ne pas négliger :

  • Les proportions idéales respectent un équilibre délicat : entre un tiers et la moitié de la surface pour la zone de baignade, le reste étant dédié à la zone de filtration. Cette répartition peut sembler restrictive, mais elle garantit une épuration naturelle efficace.
  • La forme doit optimiser la circulation d’eau en évitant les angles droits – qui créent des zones mortes –, et en privilégiant les courbes organiques – qui maintiennent l’eau en mouvement constant.
  • Il peut être intéressant d’ajouter un bassin bébé. Cette zone de faible profondeur offre un espace sécurisé pour les enfants.
  • N’oubliez pas de prévoir un local technique accessible mais discret, idéalement à moins de 10 mètres du bassin.

Étape 3 : installer le système technique 

Après le terrassement, on posera les tuyaux techniques et l’ensemble de l’infrastructure invisible qui garantira le bon fonctionnement de votre écosystème aquatique. 

Le système d’étanchéité constitue le cœur de cette infrastructure technique. L’EPDM est une membrane caoutchouc qui offre une durabilité exceptionnelle et ne contient pas de substances toxiques. L’utilisation d’une bâche en EPDM permet de plus, une intégration paysagère optimale.

Le système de filtration repose sur une pompe à débit variable, de telle façon que la piscine fonctionne à son maximum ou à son minimum de débit suivant les saisons, optimisant ainsi la consommation énergétique tout en respectant les rythmes biologiques du bassin.

La gestion du trop-plein nécessite une attention particulière selon la configuration de votre terrain : évacuation vers un récupérateur d’eau de pluie, ou drainage vers un système d’infiltration. Cette approche circulaire de l’eau rejoint les principes de Bill Mollison, cofondateur de la permaculture, qui prône une gestion cyclique et régénératrice de cette ressource précieuse.

Contrairement aux piscines classiques soumises à taxation, les bassins biologiques construits à l’aide d’une simple bâche EPDM et non maçonnés échappent généralement à cette contrainte fiscale.

Étape 4 : créer l’écosystème de filtration végétale

©casnafu – Pexels

En ce qui concerne la filtration, chaque plante a son rôle aux niveaux racinaire et bactérien. La sélection végétale peut mélanger des plantes esthétiques comme les nénuphars et des plantes fonctionnelles telles que les iris et la menthe aquatique.

Pour le choix des espèces, privilégiez absolument les variétés locales, adaptées à votre climat.

Pour éviter l’invasion de certaines espèces, limitez les plantes proliférantes comme les lentilles d’eau qui peuvent rapidement déséquilibrer le système.

Cette étape représente un investissement de 25 à 40 euros par mètre carré de zone de filtration, mais elle constitue le cœur vivant de votre piscine naturelle.

Enfin, ne négligez pas la cascade d’aération qui jouera le rôle de « poumon » indispensable de votre piscine naturelle. Elle permet de créer un ruissellement qui enrichit l’eau en oxygène, à l’instar des lacs naturels alimentés par les ruisseaux de montagne. 

Étape 5 : suivi et entretien de votre bassin naturel

Montrez-vous un peu patient, car l’équilibre biologique d’une piscine naturelle met 6 mois à 2 ans à se stabiliser. Les premières semaines, l’eau peut être trouble. C’est parfaitement normal et même nécessaire pour que l’écosystème trouve son rythme de croisière.

Cette phase de maturation exige un suivi attentif mais non interventionniste. Le remplissage s’effectue progressivement, idéalement avec de l’eau de pluie. Cette eau favorise l’établissement d’un équilibre biologique harmonieux, à l’inverse de l’eau traitée du réseau.

Contrairement aux idées reçues, l’entretien d’une piscine naturelle s’avère remarquablement léger une fois l’équilibre atteint. La maintenance annuelle coûte 2 à 3 fois moins cher qu’une piscine chlorée. Cette économie substantielle compense rapidement le surcoût initial éventuel.

Enfin, la durée de vie exceptionnelle de 30 à 50 ans avec une maintenance appropriée fait de la piscine naturelle un investissement pérenne. Alors qu’un bassin carrelé se dégrade inexorablement, votre écosystème aquatique, lui, s’améliorera avec le temps, gagnant en maturité et en beauté.

Le principal inconvénient du bassin de baignade naturelle est sa très forte consommation en eau. L’évaporation y est beaucoup plus abondante que dans une piscine classique. Plusieurs raisons permettent de l’expliquer : la zone de lagunage à faible profondeur, la cascade d’aération, l’impossibilité de bâcher… 

Une nouvelle philosophie de la baignade

L’aventure de la piscine naturelle dépasse largement la simple construction d’un équipement de loisir. Elle transforme notre rapport à l’eau et au jardin. Elle crée un écosystème vivant qui enrichit la biodiversité locale ; et elle offre une expérience de baignade authentique.

Certes, cette approche exige patience et méthode. Les six mois à deux ans nécessaires à la stabilisation biologique, la gestion complexe de l’évaporation, ou encore l’adaptation climatique spécifique demandent une réflexion approfondie et un accompagnement par des professionnels compétents. 

Mais cette complexité initiale est largement compensée par les avantages : peu de maintenance, durée de vie de 30 à 50 ans, et coûts d’entretien annuels divisés par trois comparés à ceux d’une piscine chlorée.

Au-delà des bénéfices économiques, c’est une philosophie de collaboration avec la nature qui émerge. Votre bassin devient un fragment d’écosystème aquatique où libellules et grenouilles cohabitent naturellement, où l’eau retrouve sa pureté originelle grâce au travail silencieux des plantes épuratrices.

Pour en savoir plus sur les piscines naturelles, je vous conseille le livre Piscines, les solutions écologiques publié aux éditions Ulmer.

Vous y découvrirez de nombreux exemples très inspirants à appliquer chez vous.