Pour les habitations qui ne peuvent pas être reliées au tout à l’égout, la mise en place d’un assainissement autonome représente une obligation légale.
Auprès des habitants de maisons écologiques, la phytoépuration s’impose peu à peu comme la méthode d’épuration individuelle la plus pertinente.
Ces jardins d’assainissement par filtration végétale présentent de nombreux avantages : absence de cuves apparentes, de nuisances olfactives ou d’opérations de vidange…
Cependant, il n’est pas possible d’installer un système de phytoépuration en complète autonomie !
Vous pourrez réaliser les travaux de mise en œuvre, mais l’étude préalable qui sert à instruire le dossier que vous déposerez auprès du SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif) doit être faite par un professionnel agréé.
La phytoépuration en autoconstruction vous permettra d’économiser au minimum 30 % du coût global.
Voyons ensemble comment réaliser en toute légalité un système de phytoépuration en autoconstruction !
Le cadre légal de phytoépuration en autoconstruction
La première chose à savoir est que la mise en place d’un système d’assainissement individuel (comme un système de phytoépuration) n’est autorisée que lorsque le raccordement au tout à l’égout n’est pas disponible.
Si vous avez la possibilité de vous raccorder au système d’assainissement collectif, vous êtes dans l’obligation de le faire !
Pour tout projet d’assainissement autonome par phytoépuration traitant moins de 20 EH (équivalents-habitant), une demande d’autorisation doit être déposée auprès du SPANC local.
Pour obtenir une validation par le SPANC, cette demande doit obligatoirement présenter un système de filtre à plantes bénéficiant d’un agrément ministériel. La liste des filtres à plantes agréés par l’État est disponible ici.
La mauvaise conception ou le sous-dimensionnement du système va directement compromettre son fonctionnement.
C’est pour cette raison que l’installation d’un système de phytoépuration sans accompagnement professionnel n’est pas autorisée.
Vous devez à minima être accompagné durant la phase d’étude du terrain et de conception.
Comment installer votre phytoépuration étape par étape ?
Les étapes de préparation indispensables
Avant de vous lancer dans votre projet de phytoépuration, plusieurs étapes préparatoires sont absolument nécessaires.
La première d’entre elles concerne l’étude par un professionnel qualifié.
Cette étude de faisabilité permet de dimensionner et de concevoir correctement votre installation. Sans cette expertise préalable, vous pourriez investir dans un système qui s’avérerait totalement inefficace pour traiter vos eaux grises.
Le choix des espèces végétales épuratrices doit notamment être adapté aux conditions climatiques locales et aux polluants présents dans vos eaux usées.
Les démarches administratives préalables
Parallèlement à l’étude technique, vous devez constituer un dossier à présenter au SPANC de votre commune.
Ce dossier comprend les plans détaillés de votre installation, les justificatifs de l’agrément du système choisi et les résultats de l’étude de sol. La validation de ce dossier conditionne l’autorisation de réaliser vos travaux.
Le SPANC peut également programmer une visite sur site pour vérifier la faisabilité de votre projet. Cette inspection permet de confirmer que les conditions réelles correspondent aux éléments déclarés dans votre dossier.
L’installation détaillée du système en 2 bassins
Le premier bassin : le filtre vertical pour le traitement primaire
La construction de votre système débute par l’installation du filtre vertical. Cette étape commence par le terrassement d’une fosse rectangulaire aux dimensions précises, calculées selon le nombre d’habitants de votre logement.
L’étanchéité du bassin représente un point critique de l’installation. Elle se compose de plusieurs couches : un géotextile de protection au fond, suivi d’une membrane EPDM de forte épaisseur (au minimum 1 mm), puis d’un second géotextile de protection.
La plantation des roseaux communs (Phragmites australis) s’effectue une fois le bassin rempli et après la première mise en eau. Ces végétaux, spécialement adaptés au traitement des eaux usées, développent un système racinaire dense qui favorise l’oxygénation du substrat et l’activité bactérienne épuratrice.
Le second bassin : le filtre horizontal pour l’affinage
Le filtre horizontal, positionné en aval du premier bassin, assure l’affinage du traitement. Sa conception diffère sensiblement du filtre vertical, notamment par son fond légèrement incliné (pente de 1 % environ), qui favorise l’écoulement de l’eau.
La plantation de ce bassin fait appel à des espèces ornementales qui combinent efficacité épuratrice et valeur esthétique :
- Les iris des marais (Iris pseudacorus) excellent dans l’absorption des nitrates et phosphates.
- Les menthes aquatiques (Mentha aquatica) apportent leurs propriétés aromatiques tout en participant au traitement.
- Les salicaires (Lythrum salicaria) offrent une floraison spectaculaire en été.
- Les laîches (Carex) assurent un couvert végétal permanent et une épuration continue.
Pour en savoir plus sur les étapes précises d’une phytoépuration en autoconstruction, vous pouvez retrouver ici le tutoriel du Low-Tech Lab.
Les pièges à éviter absolument
Les problèmes techniques les plus fréquents
Quelques configurations de terrain posent des défis particuliers qui peuvent compromettre votre projet si elles ne sont pas anticipées.
En effet, certaines nécessitent l’installation d’une pompe de relevage électrique pour acheminer les eaux usées vers le système de traitement. Cette contrainte augmente non seulement le coût initial, mais aussi les frais d’exploitation et de maintenance.
La surface disponible constitue un autre facteur limitant fréquemment sous-estimé. Un système de phytoépuration nécessite généralement entre 5 et 10 m² par équivalent-habitant, soit 20 à 40 m² pour une famille de 4 personnes. Cette emprise foncière peut se révéler problématique sur de petites parcelles.
Enfin, le développement d’algues filamenteuses représente un phénomène naturel mais potentiellement gênant dans les bassins de phytoépuration. Il arrive que ces végétaux aquatiques prolifèrent en cas de déséquilibre nutritionnel ou de surcharge hydraulique, nécessitant des interventions de nettoyage plus fréquentes.
Les contraintes environnementales à considérer
Malgré son caractère naturel, la phytoépuration n’est pas exempte d’impact environnemental.
Les eaux traitées conservent des concentrations résiduelles en nitrates et phosphates qui, bien qu’inférieures aux normes de rejet, deviennent problématiques en cas de déversement dans un milieu aquatique particulièrement sensible.
Cette limitation est particulièrement importante à considérer si votre installation se trouve à proximité d’une zone humide protégée, d’un captage d’eau potable ou d’un cours d’eau classé. Dans ces situations, des mesures complémentaires de traitement peuvent être nécessaires.
Que faut-il faire pour l’entretenir ?
Contrairement aux idées reçues, la phytoépuration nécessite un entretien régulier – même s’il reste moins contraignant que celui des systèmes traditionnels.
Cet entretien s’apparente davantage au jardinage qu’à la maintenance technique, mais il demeure indispensable au bon fonctionnement de votre installation.
La taille annuelle des parties aériennes des plantes s’effectue généralement en fin d’hiver, avant le redémarrage de la végétation. Cette opération élimine les tiges sèches et favorise la croissance des nouvelles pousses. Les déchets végétaux produits constituent un excellent compost pour vos autres espaces verts.
Le renouvellement des plantations intervient tous les 5 à 10 ans selon les espèces et les conditions locales. Cette opération nécessite parfois une vidange partielle des bassins pour accéder aux systèmes racinaires et renouveler une partie du substrat.
Les avantages de la solution accompagnée
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’autoconstruction ne signifie pas travailler seul.
La réglementation impose un accompagnement par un technicien qualifié et agréé, mais cette contrainte sera un véritable atout pour votre projet.
Cette supervision professionnelle vous permet d’économiser environ 30 % du coût total par rapport à une installation clé en main, et vous bénéficierez de garanties solides.
L’expert vous guide dans le choix des matériaux, vous forme aux techniques de pose et valide chaque étape critique de votre installation.
L’accompagnement inclut également l’assistance pour les démarches administratives, souvent complexes et chronophages.
Des avantages économiques sur le long terme
La formation que vous recevez pendant l’installation vous permet de maîtriser parfaitement l’entretien courant de votre système. Cette autonomie réduit considérablement les coûts de maintenance sur le long terme, tout en vous permettant de détecter précocement d’éventuels problèmes.
La garantie décennale couvre les éventuels défauts de conception ou de mise en œuvre qui pourraient affecter votre installation. Cette protection financière vous met à l’abri de coûts de réparation importants et vous assure une tranquillité d’esprit pour l’avenir.
Que retenir pour votre projet de phytoépuration en autoconstruction ?
La phytoépuration en autoconstruction accompagnée combine les avantages économiques de l’autoconstruction avec la sécurité technique et réglementaire de l’accompagnement par un professionnel agréé.
Au-delà de sa fonction de traitement des eaux grises de votre maison, votre installation devient un véritable jardin propice au développement de la biodiversité.
Cette approche vous garantit une installation performante, durable et conforme, tout en vous permettant de réaliser des économies substantielles par rapport à une solution clé en main.
Pour aller plus loin
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