Laurie, 27 ans, est gentiment folle, elle l’avoue volontier. Mais c’est ainsi qu’elle est heureuse : vivre en van seule sur les routes.
En vérité, Laurie n’est jamais vraiment seule, elle n’a jamais autant rencontré de personnes que depuis qu’elle voyage. Cela fait 2 ans qu’elle a décidé de vivre en van seule ou accompagnée sur les routes des Amériques.
Quand on veut vivre en van seule ou à plusieurs, il faut se contenter de peu, et pour Laurie vivre sur les routes est devenu une évidence
Tout a commencé par un voyage en Amérique du Nord en 2013, lors d’un road trip en sac à dos où elle a vadrouillé en auto-stop. Elle aimait tellement être sur les routes qu’elle a repoussé encore et encore son retour en France. Cela a duré plus de 2 mois, et elle est rentrée avec un goût d’inachevé. Elle a alors travaillé 6 mois pour économiser, et a ensuite acheté un aller simple pour San Francisco en ayant pour idée de vivre sur les routes le plus longtemps possible.
Laurie a toujours aimé voyager. Mineure elle s’engageait dans des associations pour partir à l’étranger, et une fois adulte elle a beaucoup travaillé pour économiser et partir avec son sac à dos. Elle n’a donc pas peur de partir ainsi.
Une fois arrivée aux Etats-Unis, la jeune femme fait un road trip dans tout le pays en sac à dos et en voiture de location. Mais après 3 mois, elle se rend compte que son budget est quasiment épuisé : 90% de son argent est parti dans les hôtels et le transport. Elle regarde alors les alternatives qui se présentent à elle pour continuer à être sur les routes tout en réduisant les dépenses.
C’est là que l’idée du van est née. Elle se voyait bien vivre en van seule à travers les Amériques. En moins de 48h, sur un coup de tête, elle achète un vieux Dodge Caravan avec le restant de son budget : soit 1300 euro.
Et elle s’est retrouvée à Vancouver, sans argent, mais avec un vieux van qu’elle a surnommé Shambhala « lieu du bonheur paisible ». Elle trouve rapidement un boulot, et passe tout son temps libre à aménager l’intérieur du véhicule avec des matériaux de récupération. Ce van c’est le premier lieu où elle se sent enfin chez elle.
L’intérieur de sa petite maison sur roues
Laurie a vendu les sièges du véhicule en gardant le siège conducteur et le siège passager avant pour pouvoir prendre des personnes en co-voiturage par exemple. Elle monte une structure de lit double à l’arrière. Le peu d’affaires qu’elle possède se trouve dans une boite sous le lit. Dans une deuxième boite il y a tout le matériel pour faire du camping et des randonnées, et même un bateau gonflable (déjà présent le van quand elle l’a acheté). Une autre boite, plus petite, sert de garde manger.
D’un côté des portes latérales se trouve un bidon de 25 litres d’eau potable, quelques outils et bidons d’entretiens pour le van et une roue de secours.
De l’autre côté c’est la cuisine : un réchaud au gaz, une casserole, une poêle et quelques ustensiles. C’est sommaire, mais la jeune femme a appris à vivre ainsi au fil des semaines. Elle s’est adaptée, aime beaucoup cuisiner sur les trottoirs de tout les pays où elle passe, et a même inventé des recettes pour pouvoir cuisiner varié avec une simple poêle et un réchaud . Elle se fait ainsi des pizzas, gnocchis, pains, pâtisseries et des plats locaux.
Laurie n’a pas besoin de plus pour vivre heureuse.
Et la sécurité quand on fait le choix de voyager et vivre en van seule à travers les Amérique ?
En voyage, les moments où Laurie se retrouve réellement seule sont finalement très rares. Dès le départ elle décide de faire du covoiturage.
Elle utilisait déjà beaucoup cette alternative pour réduire ses dépenses en France. Les personnes qu’elle prend avec elle sur la route, les « copilotes », partagent un bout de sa vie durant quelques heure, ou quelques mois.
Elle a ainsi voyagé 3 semaines avec un voyageur qui a répondu à une annonce sur internet, deux auto-stoppeurs anglais, 3 autres backpackers… Sa copilote actuelle est une amie qu’elle n’avait pas vu depuis 6 ans. Elles voyagent toutes les deux ensemble depuis 5 mois.
Mais que ça soit seule ou quand elle est accompagnée, la jeune femme fait toujours attention aux règles de sécurité. La plus importante d’entre elles est d’éteindre toutes les lumières à la nuit tombée pour ne pas se faire repérer, particulièrement dans les endroits dangereux.
La vie en van n’est pas toujours rose. Vivre en van seule ou accompagnée est un mode de vie qui sort de l’ordinaire, et du coup les problèmes sortent également de l’ordinaire.
Aux états unis Laurie a été prise dans une tempête qui a falli lui coûter la vie. Elle a également traversé un ouragan (l’ouragan Joaquin) lors de sa descente de la côte Est où il a fallu écoper l’eau qui rentrait dans le van au fur et à mesure de la journée alors qu’elle filait vers le Sud pour sortir de la zone dangereuse sur les routes déjà en partie inondée.
En Amérique centrale les routes sont en très mauvais état. Alors qu’elle voyageait seule à ce moment là, elle s’est retrouvé à deux reprises les roues embourbées, à devoir creuser à mains nues dans la glaise pour en sortir, et une des fois à marcher des heures pour chercher de l’aide. Quand on décide de vivre en van seule, un copilote est vraiment indispensable dans ces moments de difficulté pour éviter les coups de blues. Et, malgré toutes les précautions, Laurie a déjà subie deux braquages où il a fallu dire au revoir à une grande partie de ses affaires. Mais ce genre de mésaventure reste rare.
Oui il y a des risques, mais c’est pareil dans tous les modes de vie car en France aussi on peut très bien mourir en voiture en allant au travail, d’une crise cardiaque chez soi, ou d’un cancer.
S’il y a une chose que Laurie veut retenir de son quotidien sur les routes c’est bien la solidarité et le partage des gens.
Il lui arrive très souvent, en se garant dans les rues au hasard, que des locaux viennent la voir lorsqu’elle cuisine son repas sur le trottoir. Ils lui proposent d’utiliser leur cuisine et leur salle de bains. Certains lui ont même proposé une chambre. Ce mode de vie lui permet d’être intégrée facilement dans des familles et de faire de magnifiques rencontres.
Travailler quand on décide de vivre en van seule sur les routes
Quand on décide de vivre sur les route il faut évidemment de l’argent pour les dépenses inattendues : l’entretien du véhicule, mais aussi les réparations multiples.
Pour couvrir ces dépenses, Laurie travaille en cours de route. Depuis qu’elle vit sur la route elle aura travaillé deux fois au Canada (3 mois, puis 6 mois), 2 mois au Guatemala et elle vient de commencer un nouveau travail pour 3 mois au Costa Rica.
Elle s’arrête quand elle a besoin de travailler. Il trouve des petits boulots, la plupart du temps en restauration mais elle fait aussi des manucures à design dans la rue et a vendu des pâtisseries faites par elle-même.
Elle passe aussi beaucoup de temps dans des communautés pour se reposer : elle y reste quelques temps temps pour se reposer et elle participe généralement en faisant la cuisine ou en aidant dans les jardins de permaculture par exemple.
Dans sa nouvelle vie il n’y a pas de routine. Elle a la liberté d’aller où elle veut et il n’y a plus de frontière. Sa vie est un challenge au quotidien et elle apprend tous les jours.
Aux gens qui lui demandent ce qu’elle recherche dans cet autre mode de vie elle répond : « I’m looking for a Home » ou « La conquista del mondo ! ». Cette nouvelle vie lui permet de vivre libre et heureuse en considérant chaque endroit où elle se gare comme msn « chez elle » pour une heure ou un mois. Elle aime sa vie telle qu’elle est aujourd’hui, et pour rien au monde elle n’y renoncerait. Quelqu’un lui a demandé récemment : « Et si un génie sortait d’une lampe et que tu pouvais lui demander ce que tu veux…tu lui demanderait quoi ? » Elle a mis 20 minutes à y réfléchir pour finalement ne rien trouver d’autre à répondre que « Des nouveaux pneus pour la Shambhala » !
La fin de ce voyage aux Amériques ne sera que le début de sa vie en van, ça c’est sur !